Les Tramways de la Vienne (T.V.)
LIGNE DE POITIERS A SAINT-MARTIN-L'ARS


par François Fisson


La Guerre


        La déclaration de guerre vint en 1914 suspendre tous les travaux en cours puis l'exploitation de ce deuxième réseau. Par contre durant les hostilités le tramway continua tant bien que mal d'assurer son service, sur la ligne Poitiers, St-Martin.

Le train á Usson
        A la mobilisation de nombreux trains supplémentaires acheminèrent à pleines voitures tous ces soldats qui partaient pour "Berlin" et dont bon nombre ne devait jamais revenir. Si la plupart chantait, certains, surtout les jeunes mariés, pleuraient. Une foule importante, de parents, d'amis, de curieux, les accompagnait dans une ambiance qui fit dire à une vieille Gencéenne : "ma fois, il y a plus de monde que quand Barnum est venu".

        Puis les choses changèrent vite. En 1917 ceux qui partaient ou repartaient savaient où ils allaient et certains chantaient ces chants interdits:

                  Adieu la vie, Adieu l'amour,
                  Adieu toutes les femmes
                 C'est pas fini, c'est pour toujours
                 De cette guerre infâme
                 C'est à Verdun sur le plateau
                 Qu'on y laissera sa peau
                 Car nous sommes des condamnés
                 Nous sommes des sacrifiés
                 Plus de guerre,
                 Guerre à la guerre,
                 Les gueux révoltés conduiront au gibet
                 Ces tyrans, ces bourreaux de l'humanité.


et certains s'adressant aux gendarmes chargés d'assurer l'ordre dans la gare disaient: "Ben alors gendarmes, qu'est-ce que vous attendez pour nous arrêter".

        Il y eut aussi des prisonniers, l'un d'entre eux capturé au Chemin des Dames fut emmené dans une mine de charbon de la Ruhr. Il pouvait écrire mais n'avait le droit de donner de précisions ni sur son lieu de détention ni sur son travail. Dans une de ses lettres le "Poilu" contourna astucieusement la censure en écrivant : "je ne peux vous dire, ni où je suis, ni ce que je fais, mais sachez qu'avec le fruit de mon travail la vache à Beldant ne manquera pas d'avoine".





La locomotive, vue par Mme Claudine ROUX-CADU