Les Tramways de la Vienne (T.V.)
LIGNE DE POITIERS A SAINT-MARTIN-L'ARS
par
François Fisson
Les Equipements
Les voitures et les wagons suivants,
montés aux “ateliers de construction
du nord de la France et Nicaise et Delcuve”, à
Blanc-Misseron, constituaient,
avec les locomotives, le matériel roulant du
réseau :
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Le viaduc de St Benoît
1°/ dix voitures de 2° classe, auxquelles on
accédait par
des plates-formes situées à chaque
extrémité,
et qui offraient 6 places debout et 16 places assises, sur deux
banquettes
latérales. L'hiver de grandes bouillottes,
placées sous les
pieds des voyageurs, assuraient le chauffage;
2°/ trois voitures de 1° et 2° classes,
construites sur le
même modèle, offraient 14 places assises et 8
debout. Le compartiment
de 1° classe aménagé plus confortablement
que celui de
2° en était séparé par une
cloison ;
3°/ trois fourgons, quatre wagons tombereaux, deux wagons plats
avec
traverses mobiles, onze wagons plats avec traverses mobiles et trois
wagons
couverts ayant chacun une capacité utile maximale
de 5
tonnes.
Cinq locomotives (20)
de 16 tonnes, à
trois essieux couplés, construites au Mans dans les ateliers
Amédée
Bollée assuraient la traction. Le toit qui les couvrait sur
toute
la longueur et la cabine de conduite était à
l'avant. En
effet le mécanicien tournait le dos à la
chaudière
de type à retour de flammes, ce qui donnait à ces
machines
un aspect inhabituel.
Afin d'éviter
les accidents qui pouvaient survenir avec les animaux, des panneaux
dissimulaient
les bielles (21)
et un système spécial
réduisait le bruit de l'échappement. En plus
de l'avertisseur
à vapeur dont le son évocateur les avait fait
surnommer “les
vaches à Beldant“, une cloche (22)
permettait de signaler leur passage.Ces machines consommaient environ 4
kg de charbon au km et se ravitaillaient uniquement à
Poitiers.
Sur la ligne, à voie métrique construite avec des
rails Vignole
de 9 m de longueur pesant 15 kg au mètre courant, les
convois ne
dépassaient guère les 20 km/h (23).
Aux stations de Poitiers, Gençay et St-Martin-l'Ars des
“grues hydrauliques“
permettaient d'effectuer le plein d'eau des réservoirs
situés
de part et d'autre de la chaudière des machines.
Constituée
d'un réservoir en tôle de 1,80 m de haut et de
1,30 m de diamètre
supporté par une colonne en fonte de 3,10 m de haut et de
0,29 m
de diamètre chaque “grue“ se remplissait
grâce à une
pompe aspirante et refoulante,
à volant,
manoeuvrée à bras et puisant l'eau dans un puits
aménagé
à proximité (24).
Un tuyau
de tôle galvanisée, de 0,12 m de
diamètre et de 4,50
m de hauteur, coaxial à cet ensemble permettait,
à l'air
chaud fourni par un petit foyer à charbon de bois
situé à
sa base d'empêcher, l'hiver, l'eau du réservoir de
geler.
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La halte de Smarves
La gare centrale, la plus importante
du réseau,
comportait en plus des quais à voyageurs et du grand
bâtiment
des voyageurs (25)
qui abritait aussi les
bureaux de l'administration centrale, une halle couverte, un quai
découvert,
un quai à charbon, un atelier, une remise pour 4
machines, une remise pour 12
voitures (26)
et enfin une écurie (27).
Les autres
stations construites pratiquement toutes les 7 sur le même
type se
composaient d’une halle couverte pour les marchandises, d'un
quai de chargement
et d’un bâtiment à corps central
à deux étages
flanqué de deux ailes moins élevées
comprenant le logement
et le bureau
du “correspondant“ (28),
une salle d'attente et une buvette (29).
Au début 46 personnes, semble-t-i1, réparties
dans 4 services
constituaient le personnel de la société des
Tramways de
la Vienne (T.V.) qui exploitait cette ligne.Il y avait à
l'administration
centrale : l'ingénieur directeur de
l’exploitation, le comptable,
deux employés de bureau et le contrôleur des
recettes ; au
service des voies : le chef de section et quatorze cantonniers ;
à
la traction : 1e chef de dépôt, trois chauffeurs,
trois mécaniciens
et au dépôt trois ouvriers; enfin à le
chef de la gare
de Poitiers, sept correspondants, quatre chefs de train et quatre
gardes
freins.
Les trains réguliers effectuaient un service mixte. Pour
faciliter
les manoeuvres, les wagons de marchandises étaient
attelés
en tête du train et les voitures de voyageurs en queue. Un
mécanicien
et un chauffeur assuraient la marche de la machine. Un chef de train et
un serre-freins dans les wagons complétaient
l'équipage.
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La gare de la Villedieu
du Clain
Seuls les
freins de la locomotive étaient directement a la disposition
du
mécanicien, il n'existait pas de circuit pneumatique de
freinage.
Chaque voiture possédait son propre système de
freins à
vis dont la poignée de commande avait
été installée
à l'une de ses extrémités. Dans les
convois on attelait
toujours au moins deux voitures de sorte que les manettes de freins
soient
face a face. En cas de besoin le mécanicien "sifflait aux
freins"
et le serre-freins actionnait simultanément les freins de
ces deux
wagons.
Certains
trains assuraient un service postal. A cet effet un réduit
postal
d'à peine 1 m x 1 m aménagé dans un
coin du fourgon
à bagages abritait un convoyeur. Celui-ci relevait dans les
boites
à lettres des gares le courrier qu'il oblitérait
et classait
durant le trajet.
Quelques
wagons de marchandises avaient, à l'une de leurs
extrémités
une guérite, destinée à
héberger un éventuel
accompagnateur, espèce de "subrécargue", dont la
présence
devait être surtout utile pour convoyer du bétail.
En dehors
des transports classiques (bétail, matériaux,
engrais grains),
citons pour mémoire celui des défunts dont, sous
la surveillance
des autorités locales, on chargeait le cercueil dans un
wagon plombé.

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