Les Tramways de la Vienne (T.V.)
LIGNE DE POITIERS A SAINT-MARTIN-L'ARS
par
François Fisson
Le Démentellement
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Le camion GMC transformé
en autorail.
Si le bilan
financier n'atteignit jamais celui prévu il fut au
début
satisfaisant et pour les années 1905 à 1909 par
exemple,
les bénéfices oscillaient entre 17.000 et 32.000
F.
La guerre
terminée, la construction et l'exploitation des autres
lignes reprirent.
Mais l'avènement du moteur à essence devait
porter le coup
fatal à toutes ces entreprises. De plus
l'écartement métrique
différent de celui des chemins de fer
d'intérêt général
rendait nécessaires de longs et coûteux
transbordements aux
gares de Poitiers et de St Martin l'Ars.
Afin de
limiter leur déficit croissant et d'augmenter la
rapidité
du transport des voyageurs les V.F.E.P. mirent en service, le 10
février 1924, des automotrices (33).
A partir de mai
1925 les T.V. achetèrent
un seul exemplaire de ce matériel (34).
Cet autorail, construit aux ateliers du Mans de MM. Baert, pesait
à
vide 4,8 tonnes. Le type avait été
créé en
1921 à partir de camions G.M.C. de l'armée
américaine.
Il conterait 30 places assises et au besoin 40 voyageurs pouvaient y
monter
aux jours d'affluence. Son moteur de 22 chevaux lui permettait une
vitesse
commerciale de 30 à 35 km/h avec des pointes de 45 km/h en
déviation.
Il pouvait monter en prise directe toutes les rampes du
réseau.
Sa consommation en essence ne dépassait pas 20 à
25 litres
aux 100 km. Détail amusant, la direction avait
été
conservée et le conducteur, afin d'augmenter la tenue dans
les courbes,
contre-braquait. Une remorque à bagages ou à
voyageurs pouvait
lui être adjointe en cas de besoins (35).
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L'autorail GMC
vu par Claude MAISSIAT.
Malgré
cette modification
le déficit s'accroissait
chaque année (36).
L'importance
de la charge financière que représentait les
tramways départementaux,
amena le conseil Général à
décider, le 6 septembre
1932, leur suppression et leur remplacement par des lignes d'autobus,
puis
le 10 mai 1933, la suppression
pure et simple
du réseau des tramways départementaux ainsi que
celle de
toute subvention aux services automobiles à l'expiration des
contrats
en cours (37).
En effet des entreprises
privées avaient organisé des services de
transports par autobus
sur tous les points du département et les exploitaient sans
réclamer
à celui-ci, la moindre subvention (38).
Le 16 avril
1934 le département signait avec la
Société des Tramways
de la Vienne une convention de rachat de la ligne où il
était
en particulier stipulé :
“Le
concessionnaire devra employer dans toute la
mesure du possible... le personnel de la voie licencié. Ces
agents
cesseront cependant de faire partie du personnel du réseau
à
dater de la cessation de l'exploitation, et seront les ouvriers du
concessionnaire
considéré comme entrepreneur de travaux de
dépose...Le
département autorisera les agents logés dans les
stations
de continuer à les habiter gratuitement
pendant la durée des travaux et jusqu'à la mise
en vente”
(39).
Le dernier
train de voyageur qui ait circulé sur la ligne semble
être
celui qui le dernier jeudi de juin 1934 transporta les
élèves
de Saint-Joseph à La Cossonnière. Ceux-ci pour
fêter
l'événement avaient pour le retour
décoré la
locomotive avec des feuillages, et offert au personnel du train le
produit
d'une collecte organisée spontanément avant le
départ.
Le problème
de reclassement du personnel reste le point noir de la fermeture de la
ligne. Les plus vieux employés furent mis à la
retraite d'office,
d'autres trouvèrent du travail par leur propre moyen et un
certain
nombre fut recasés progressivement au service vicinal.
Dans le
courant de 1935 la plupart des bâtiments et des terrains
furent vendus
à des particuliers ou à des
collectivités.
Avant 1895
il fallait cinq heures en voiture de poste pour aller de Poitiers a St
Martin. Avec le tramways la durée du voyage fut
réduite de
2 heures. La mise en service de l'autorail à partir de 1925
permis
de gagner encore un quart d'heure. Soixante dix ans plus tard, ce
même
trajet effectué en car, demande environ 1 h 30.
Ces précisions
permettrons peut-être de mieux comprendre le
progrès que représentait
le tramway. Surtout si l'on se rappelle qu'il y avait aussi un service
marchandises, difficilement concevable sur les routes à
l’époque.
Signalons
enfin que le département a fait restaurer le viaduc de St
Benoît
avant de le céder à la commune de
St-Benoît qui en
accepte la charge et l'a intégré dans un circuit
de promenade
pour piétons
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