Ferrovienne Modélisme


 

Les Voies Ferrées Economiques du Poitou (V.F.E.P.)
LIGNE DE CHATELLERAULT A CHAUVIGNY ET BOURESSE


par François Fisson


Section Chauvigny - Bouresse

 
          La paix revenue, le Conseil général, dans sa session de mai 1920, examina les questions de la reprise de l'exploitation de la section terminée et de l'achèvement des travaux suspendus. L'inflation ayant rendu insuffisants les crédits. prévus le 11 novembre 1908, un avenant à la convention et au cahier des charges fut signé en mai 1920. Le 8 août 1922, la section Chauvigny-Bouresse était ouverte aux voyageurs.
        Afin de réduire le déficit déjà important de l'exploitation, il fut décidé en 1922 de remplacer certains trains de voyageurs par des automotrices dont l'inauguration eut lieu le dimanche 10 février 1924, sur la ligne Poitiers-Lavausseau-Lusignan. Ces autorails construits aux ateliers Baêbrt et Verney du Mans, à partir de camions G.M.C. achetés aux surplus de Gièvres (Loir et Cher) de l'armée américaine, pesaient 4,8 tonnes à vide. Ils offraient 30 places assises et pouvaient transporter jusqu'à 40 voyageurs. Equipés d'un moteur à essence de 22 chevaux, ils roulaient à 30-35 km/h avec des pointes de 45 km/h. Ils pouvaient monter toutes les rampes du réseau en prise directe. Leur consommation ne dépassait pas 251itres aux 100 km. La direction du camion avait été conservée et pour améliorer la stabilité dans les courbes, le conducteur contrebraquait les roues directrices. Suivant les besoins, une remorque à bagages ou à voyageurs pouvait être ajoutée.
        Malgré cette amélioration, le déficit continuait de s'accroître chaque année. A sa session de septembre 1932, le Conseil général s'émut de l'importance de la charge que représentait son réseau ferré pour les finances départementales et pensa le remplacer par des lignes d'autobus. Le 10 mai 1933, sa suppression pure et simple fut décidée, en même temps que celle de toute subvention aux services par automobiles, à l'exception des contrats en cours. En effet, des entreprises privées avaient organisé des services de transport par autobus dans tout le département et les exploitaient sans réclamer la moindre subvention.
La gare de Bonnes

        C'est à cette époque que, s'il faut en croire l'Avenir de la Vienne, éclata l'incident suivant : Le lundi 19 septembre 1932, M. Pétonnet, Conseiller général, rapporteur du budget, recontrait à Paris M. Verney, concessionnaire du V.F.E.P. au domicile de ce dernier, qui désirait obtenir la concession départementale du réseau d'autobus et s'entretenir de la suppression des tramways départementaux. Au moment de prendre congé, M. Verney remit à M. Pétonnet divers documents concernant sa demande. Le mardi après midi, le Conseil général était réuni. Compulsant son dossier, M. Pétonnet trouva une enveloppe cachetée qu'il ouvrit et en tira cinq billets de mille francs. Le mercredi après-midi, M. Guillaume Poule, président du Conseil et M. Pétonnet déposaient une plainte écrite entre les mains du procureur. M. Verney protesta de son innocence en affirmant qu'il était victime d'adversaires politiques. Il semble que l'incident en resta là et n'eut pas de suite juridique.
        Dès 1932, on déposait les voies entre Lhommaizé et Bouresse (10,5 km) ainsi qu'entre Chauvigny P.O. et Chauvigny Tramways (0,5 km). Puis, le 16 avril 1934, le préfet signait, avec la Compagnie des voies ferrées économiques du Poitou, des conventions de rachat, par le, département, de l'ensemble du réseau. Dans le courant de cette même année, les voies restantes étaient démontées et tout le matériel revendu (peut-être à l'Ethiopie ?)
        La vente aux enchères, de la plupart des gares, s'échelonna de 1934 à 1936. Par exemple le 15 juin 1934, celle de Bonnes a été mise à prix à 12 000 F. Les terrains, en section courante de voies déclassées, furent vendus à l'amiable avec droit de préemption aux anciens propriétaires riverains. Les plus anciens employés purent, progressivement, être reclassés au service vicinal, les autres durent trouver du travail par leurs propres moyens.

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